Letchworth, Welwyn: l’utopie des Garden City en Angleterre

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Quand je vivais dans le Hertfordshire, deux villes me faisaient systématiquement lever un sourcil à chaque passage sur une carte ou un panneau de train : Letchworth Garden City et Welwyn Garden City. Ce genre de noms qui semblent tout droit sortis d’un roman utopiste du début du XXe siècle. Curieuse, j’ai fini par creuser un peu pour découvrir ce qui se cachait derrière ces noms fleuris – et je n’ai pas été déçue !

Une histoire de jardins et d’idéaux: tout un concept

Le concept des garden cities est né dans l’esprit d’un réformateur du nom d’Ebenezer Howard, qui, à la fin du XIXe siècle, regardait les villes industrielles anglaises avec une moue franchement désapprobatrice. Imaginez Saltaire à son époque : surpeuplée, bruyante, polluée. Pas exactement l’endroit rêvé pour élever des enfants ou respirer à pleins poumons.

Source photo ici.

En 1898, il publie un ouvrage intitulé Tomorrow: A Peaceful Path to Real Reform dans lequel il propose une idée révolutionnaire : et si on pouvait combiner le meilleur de la ville ET de la campagne ? Ni complètement rurale, ni entièrement urbaine, mais un doux mélange des deux. Une ville pensée comme un écosystème équilibré.

Letchworth et Welwyn : les villes pionnières

La toute première garden city, Letchworth Garden City, voit le jour en 1903 dans le Hertfordshire – pile là où passait mon train pour aller au travail. Et si à l’époque, elle représentait un projet avant-gardiste, aujourd’hui encore, elle conserve un petit charme rétro très attachant. Lors de ma dernière visite, presque dix ans après mon premier passage, j’ai eu un moment de nostalgie : les rues sont toujours larges, bordées d’arbres, et les maisons gardent ce style simple mais soigné, typique des débuts du mouvement.

Une anecdote amusante : au début du XXe siècle, certains habitants de Letchworth étaient si fiers de leur ville modèle qu’ils invitaient leurs amis de Londres rien que pour la leur faire visiter. C’était presque un événement social, comme on montrerait aujourd’hui une maison domotisée ou un jardin japonais ultra zen.

Source photo ici et ici.

Quelques années plus tard, Welwyn Garden City a été fondée en 1920 sur le même principe, avec un niveau de perfectionnement poussé jusque dans les détails : on raconte que même la couleur des portes était réglementée pour conserver l’harmonie esthétique. Une obsession du design à l’anglaise !

Qu’est-ce qu’une garden city, au juste ?

Non, ce n’est pas juste une ville avec quelques jolis parcs. C’est un projet urbanistique réfléchi jusque dans ses fondations, avec l’objectif d’améliorer la qualité de vie des habitants :

  • Une nature omniprésente : Parcs, pelouses, jardins privés… On n’est jamais bien loin d’un coin de verdure.
  • Des maisons pensées pour durer : Toits en pente douce, murs clairs, proportions agréables – l’esthétique compte, mais la fonctionnalité aussi.
  • Une vie locale complète : Les villes étaient conçues pour être autonomes, avec commerces, écoles, espaces de travail et loisirs sur place.
  • Une ceinture verte protectrice : Pour éviter l’étalement urbain incontrôlé, chaque garden city était entourée de terres agricoles ou de forêts inconstructibles.

Source photo ici.

Et aujourd’hui, on en est où ?

Les deux garden cities d’origine – Letchworth et Welwyn – existent toujours et restent parmi les rares exemples fidèles à la vision d’Ebenezer Howard. Mais le concept a fait des petits (ou des cousins éloignés ?) dans les années 50 à 70, comme Milton Keynes ou Harlow.

Cela dit, soyons honnêtes : Milton Keynes a la réputation d’être plus pratique que charmante. Disons qu’on ne l’invite pas forcément à dîner, mais on l’appelle quand on a besoin d’un coup de main pour organiser ses ronds-points. Je n’y suis jamais arrêtée, mais rien que son nom suscite des réactions très contrastées chez les Britanniques. C’est pratique mais pas franchement joli d’après ce que j’ai pu entendre dire.

Une idée encore vivante ?

En 2014, le gouvernement britannique a annoncé la naissance d’une nouvelle garden city à Ebbsfleet, dans le Kent, juste sur la ligne de l’Eurostar. Objectif : 15 000 logements construits d’ici 2035, dans l’esprit du modèle originel (avec quelques ajustements modernes, bien sûr – on parle ici d’Internet à haut débit et non de pigeonniers communautaires).

Source photo ici.

Une utopie qui fait rêver ?

Les garden cities incarnent une sorte de compromis entre ville et campagne, entre agitation et quiétude. Une tentative d’équilibre qui, malgré ses critiques (manque de réalisme, coûts élevés, difficultés d’extension), continue d’inspirer. Avec la pression immobilière actuelle au Royaume-Uni, difficile d’imaginer ce modèle se généraliser. Mais pour ceux qui en font l’expérience, cela peut ressembler à un petit coin de paradis organisé. Personnellement, le concept me plaît pas mal et j’aurais beaucoup aimé pour voir visiter Welwyn ou Letchworth à l’époque de leur grandeur.

Et vous, avez-vous déjà visité une garden city ? Ou même rêvé d’y vivre ? Si le sujet vous intéresse, je vous invite à aller lire cet article sur le sujet.

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Lucie
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