Comme tu le sais Londres est une grande ville très cosmopolite. Pendant toutes ces années où je travaille à Londres, j’étais donc entourée d’européens – dans certaines entreprises, il y avait même plus d’européens que d’anglais. Même la plus petite boîte avait son groupe d’étrangers. C’est très sympa comme ambiance et on apprend beaucoup des uns et des autres d’un point de vue culturel.
D’un point de vue linguistique, c’est autre chose: il faut reconnaître que l’anglais que l’on parle entre étrangers n’est pas exactement le même que celui que les anglais parlent entre eux. Par exemple avec un anglais, tu ne peux pas utiliser un mot dans ta langue maternelle en pensant qu’il comprendra “vu que la racine vient du latin“. Par contre, ça, ça fonctionne très bien avec un italien ou un portugais. Ceci nous laisse tomber un peu facilement dans le piège de la facilité 🙂 Bref, avec un britannique qui ne parle aucune autre langue que l’anglais: aucun arrangement linguistique possible !
Ipswich, c’est très différent de Londres. C’est l’Angleterre, la vraie, et maintenant je ne travaille qu’avec des anglais ce qui change pas mal de Londres.
Le contexte de travail: Londres vs Ipswich
Pendant toutes mes années à Londres, je parlais bien sûr anglais au quotidien mais “anglais-européen” au boulot avec mes collègues et “anglais-anglais” à la maison avec l’English Boyfriend – qui lui s’est habitué à mes “putain, but you know what I mean, yeah ?“.
Après avoir accepté mon job à Ipswich, j’ai réalisé que pour une fois il n’y aurait pas beaucoup d’européens au boulot, voir pas du tout. Du coup: pas de triche, il faut vraiment faire un effort sans quoi ils ne comprennent pas toujours ce qu’on raconte.

Sur le chemin du boulot à Ipswich contre 1h de métro ou de train quand j’étais à Londres.
Difficulté supplémentaire: la plupart d’entre eux n’ont pas forcément eu beaucoup de contacts avec des étrangers et ils ne sont pas forcément habitués aux différents accents ou à la notion de différence culturelle. Pas tous évidemment.
J’ai beau avoir passé 7 ans en Angleterre et parler anglais couramment, j’ai toujours un accent et quand je suis fatiguée ou stressée, il ressort plus que d’habitude. Maintenant, je dois vraiment prendre ça en considération pour faire en sorte que ça n’arrive pas ! Ou pas trop souvent alors qu’à Londres, entourée d’étrangers, on reconnait les erreurs/accents/tics de langage des uns et des autres et on se comprend quand même.
Les défis à Ipswich


Aujourd’hui, je travaille dans une agence d’une cinquantaine de personnes. On est seulement 3 étrangères et dans ce “lot”, je suis la seule européenne. Tous les autres employés sont britanniques et la plupart sont originaires de Suffolk (ou Essex et Norfolk qui sont les counties frontaliers).
Je me doutais bien qu’au travail il y aurait plus de britanniques que d’étrangers mais je pensais qu’on serait un peu plus que ça. Ce n’est pas un problème, bien au contraire, c’est un bon entraînement d’un point de vue linguistique. Mais c’est aussi un défi sur le plan culturel et je n’avais pas pensé à cela en arrivant ici. Je ne prétends pas tout connaître de la culture britannique, loin de là, mais après 7 ans sur place, je m’y connais un peu quand même. Ici, il faut s’habituer aux spécificités régionales qui évidemment sont différentes de Londres:
- les expressions locales/régionales (qu’on m’explique au fur et à mesure)
- aux références culturelles locales (pareil, j’en apprends tous les jours)
- les différences culturelles en général : arriver à faire comprendre que certaines choses auxquelles ils font naturellement référence…ne veulent pas forcément dire grand chose pour moi. Et vice versa.
S’intégrer dans des groupes formés depuis longtemps


A Londres, dans mon domaine (marketing en ligne), c’est rare que les gens restent plus de deux ans dans la même boîte. Donc même si quelqu’un vient de débarquer dans une entreprise, il peut quand même s’intégrer très facilement dans un groupe car les gens sont très ouverts et habitués à voir des nouvelles têtes tout le temps.
A Ipswich, certains travaillent dans l’entreprise depuis 10 ans (ou plus) et donc travaillent ensemble, sortent ensemble…depuis tout ce temps. Dans ces conditions, s’intégrer demande plus de persévérance et d’effort. Bien sûr, pour ce qui est du small talk, ça ne pose pas de problème – ils adorent le small talk en Angleterre – mais quand on veut aller au-delà, c’est un peu plus difficile. En même temps, je suis à Ipswich depuis 3 mois, s’intégrer c’est un projet à long terme. 🙂
Welcome to England !
J’ai habité 3 ans à Londres même avant de déménager dans le Hertfordshire (deux fois). Vivre dans le Hertfordshire m’avait déjà bien fait comprendre que Londres, c’est pas l’Angleterre. Du tout.
Oui, c’est évident je sais mais crois-moi, il faut le vivre pour vraiment comprendre la différence. Mais même si je n’habitais plus à Londres depuis longtemps, jusqu’à Octobre 2016, j’y travaillais encore et au final, je n’étais dans un environnement britannique que la moitié du temps: à la maison dans le Hertfordshire. Maintenant c’est du temps plein et j’ai l’impression d’être vraiment sortie de la bulle londonienne !
Au final, ce coup-ci je suis 100% en Angleterre, entourée de britannique (logique). Même si je n’irais pas jusqu’à parler de choc culturel, ce serait un peu fort, je suis contente de constater que je peux encore me sentir perdue en Angleterre, même après 7 ans dans ce pays !
super article
cela confirme ce que j avais déjà entendu dire sur Londres
c est génial non des challenge à relever après 7 ans en GB ?
Merci 🙂
C’est ce que je me dis aussi, c’est un nouveau challenge et c’est très intéressant et très différent de Londres.
[…] Lire la suite sur Vie expat : travailler avec (que) des Anglais […]
“putain, but you know what I mean, yeah ?“.
AHAHAHA on dirait moi avec le New Zealand boyfriend ou les Scottish friends 😀 c’est tellement ça !
Bon après j’aurai pu écrire le même genre d’article surtout pour les différences culturelles, les blagues que tu comprends pas, les expressions sorties de nulle part (et les écossaises parfois… je ne les ai jamais comprises).
Quant à se sentir “perdue” même après 7 ans… je pense qu’étant française, tu pourras passer toute ta vie là bas tu pourras encore être surprise. C’est une copine expat aux USA qui me l’a dit, elle a mon âge (30 ans) et a passé la moitié de sa vie en France et l’autre aux USA (elle a bougé quand elle avait 14-15 ans). Tout simplement parce que tu restes française… c’est ta richesse 😉
ah toi aussi tu utilises le “putain, but you know what I mean, yeah ?“ haha ! Le pire c’est qu’il s’est habitué à mes formules bizarre et non seulement il comprend mais en plus il les réutilise. Ca fait drôle parfois de l’entendre dans son coin râler à coup de “putain de m….” mais avec un petit accent british 🙂
Effectivement, parler la langue c’est un truc mais apprendre la culture c’est un processus à très long terme et même si je commence à connaître pas mal depuis tout ce temps, je me rends compte que je connais surtout Londres et les londoniens qui au final ne sont pas forcément représentatifs du reste du pays. Même niveau boulot, je bosse dans le même domaine à Ipswich qu’à Londres mais les préoccupations de mes collègues n’ont rien à voir avec ceux de Londres.
Je pense que peut-être si je passais la moitié de ma vie à l’étranger et dans le même pays, j’arriverais peut-être au stade de me considérer “presque anglaise” mais pour le moment ça fait 7 ans, et je vais en avoir 30 donc on en est encore loin 🙂
Un très article, qui fait écho à ce que je vis depuis que j’ai déménagé à Leicester il y a 6 mois ! Je ne travaille pas en entreprise puisque je suis consultante depuis chez moi, mais rien que dans les échanges que j’ai avec des personnes de la région n’ayant jamais vécues à Londres, je sens en effet une différence. La mentalité n’ets pas la même, et ce que je retrouve, c’est en effet des personnes, par exemple, qui ont du mal à comprendre mon accent !
Oui l’accent c’est quelque chose ! Je remarque bien que parfois quand je pose une question, ils me répondent autre chose et je n’ose pas le faire remarquer :p
Tu arrives à rencontrer du monde en travaillant de chez toi? Pour le moment, je sors surtout avec mes collègues et des gens du yoga mais à part ça, pas grand chose. La plupart des meet-ups tournent autour de la bouffe et perso, j’ai besoin de partager autre chose que des repas pour créer un lien avec les gens.
Ecoute, je me retrouve tout à fait dans ce que tu dis : cela m’arrive beaucoup de faire un commentaire ou de poser une question, et que l’on me répondre quelque chose de différent. Je n’arrive pas à le croire après 7 ans, mais c’est bel et bien vrai ! Ca me rassure de voir que je ne suis pas la seule. Concernant mon cercle d’amis, j’ai de la chance : j’ai rencontré des gens très sympa aux meet-ups Couch Surfing à mon arrivée ici, et j’aime beaucoup les collègues de mon copain, qui vivent tous dans notre quartier et ont notre âge, je n’ai donc pas trop eu à chercher… Sinon je pense qu’en travaillant de chez moi j’aurais eu beaucoup de mal à me faire des amis. Les petites villes ont du bon puisque nous vivons tous proches les uns des autres, ça me change de Londres où il fallait faire une heure de Tube pour sortir boire un verre !
Remarque, ici aussi ils ont un accent que j’ai parfois du mal a saisir ou c’est aussi des references que je pige pas. Genre les mots je les comprends bien mais je vois pas a quoi ils font reference. Cet aprem encore on a eu une chaine d’emails au boulot j’ai souri comme tout le monde sauf que j’ai pas compris la vanne :p
C’est clair que c’est un gros avantage de la petite ville ! Je suis au pub a la première occasion ici et surtout ça coute beaucoup moins cher qu’a Londres. Tu sais qu’a Ipswich j’habite d’un cote du port et en face je vois l’appart de mon collègue c’est pas a Londres qu’on verrait ça!
Bel article, effectivement rien ne vaut le travail pour se familiariser avec des anglais et leurs cultures. Cela peu d’ailleurs etre très déstabilisant au début.
A Bientot !