Je suis récemment retournée dans ma région natale en France, et j’ai eu l’occasion de redécouvrir que la beauté et la richesse de ce coin ne se limitent pas à des souvenirs lointains, bien au contraire! C’est donc avec enthousiasme que je commence une série d’articles sur les Pays de la Loire. Aujourd’hui,nous faisons un tour du côté d’un site incontournable: l’Abbaye de Fontevraud. Son nom vous dit sûrement quelque chose: Aliénor d’Aquitaine, Richard Coeur de Lion ? Découvez avec moi l’histoire fascinante de cette abbaye?
Une abbaye pas comme les autres
L’abbaye de Fontevraud a vu le jour en 1101, sous l’impulsion de Robert d’Arbrissel, un prédicateur itinérant au charisme singulier, soutenu par le Pape Urbain II. Robert, qui parcourait alors la France accompagné d’une communauté de fidèles (principalement des femmes), s’établit en Anjou, non loin de la petite localité de Fontevraud. C’est là qu’il décide de créer un lieu de vie spirituelle innovant, où hommes et femmes cohabitent – un concept révolutionnaire pour l’époque. Les deux groupes vivaient cependant séparés, dans des bâtiments distincts, afin de préserver les mœurs strictes du XIIe siècle. Fait remarquable, Robert d’Arbrissel décréta que l’abbaye serait dirigée uniquement par des abbesses, une particularité qui a perduré pendant près de 700 ans. Une pionnière dans l’histoire des communautés religieuses, l’abbaye préfigurait une vision moderne de la place des femmes dans la société.
Les abbesses et l’apogée de l’abbaye
Dès sa fondation, l’abbaye prospéra rapidement et devint un centre religieux majeur, attirant l’attention de l’aristocratie et de la royauté. Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre et duc d’Anjou, choisit de s’y faire enterrer aux côtés de son épouse Aliénor d’Aquitaine, figure légendaire du Moyen Âge, réputée pour sa beauté, sa culture et son influence politique. Leurs fils, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, reposent également dans l’abbaye, ce qui en fait un lieu empreint de la puissance et de la gloire des Plantagenêts. L’éducation des filles issues des familles nobles françaises, comme les Valois et les Bourbons, y était de mise, assurant à l’abbaye un rayonnement à travers les siècles.
L’abbaye, de la grandeur à la désolation
Le début de la guerre de Cent Ans marqua un tournant difficile pour l’abbaye, qui connut une période d’abandon et de déclin. Cependant, le XVIe siècle vit un renouveau grâce à des abbesses de la famille des Bourbons, qui en restaurèrent la grandeur. Mais l’histoire prit un nouveau tournant brutal avec la Révolution française: en 1789, le clergé perdit ses biens, et les religieuses durent quitter les lieux. L’abbaye, laissée à l’abandon, faillit bien tomber en ruine.
De prison à trésor national
En 1804, Napoléon Ier sauva l’abbaye d’une destruction certaine en la transformant en prison. Cette décision, qui pourrait paraître curieuse, permit en réalité de préserver la structure et l’essence du monument. Pendant plus de 150 ans, l’abbaye servit d’établissement pénitentiaire, jusqu’à la fermeture de la prison en 1963. Les adaptations nécessaires à cette fonction atypique n’ont pas dénaturé l’édifice, qui a conservé une grande partie de son architecture d’origine.
Depuis 1985, l’abbaye est gérée par le Centre culturel de l’Ouest et a retrouvé son statut de monument historique ouvert au public. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000, en même temps que l’ensemble du Val de Loire, elle attire aujourd’hui des visiteurs du monde entier.
Un trésor à découvrir
La visite de l’abbaye est un véritable voyage dans le temps, permettant d’admirer son imposant cloître, ses couloirs empreints de mystère et la solennité de l’église abbatiale. Pour seulement quelques euros, vous pouvez parcourir ce monument vivant de l’histoire, accompagné d’un guide qui vous dévoilera ses secrets et détails architecturaux captivants.
Et vous, avez-vous déjà visité l’abbaye de Fontevraud ou le château voisin de Montsoreau? Quels souvenirs en gardez-vous?
Des prisonniers sont restés après la fermeture de la prison jusqu’en 1985, employés à l’entretien des espaces verts et à la démolition des installations pénitentiaires.
Merci pour la précision, j’ai eu du mal à trouver des informations sur cette période. J’ai jeté un coup d’oeil à votre site, je ne connais pas Ligré mais ça a l’air d’être un endroit vraiment sympa pour passer quelques jours! Parmi les chambres que vous proposez, y-a-t-il des troglos?
j’ai eu plaisir à relayer votre analyse sur LE BLOG consacré à l’Ordre de Fontevrauld ( (Abbaye et prieurés).
http://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.com/2013/08/10/lucie-sest-interessee-aussi-a-labbaye-de-fontevraud-dans-son-tour-du-monde/
Bonjour, je vous remercie pour cela 🙂 Je suis originaire du saumurois mais curieusement je n’avais jamais visité l’abbaye jusqu’à ce que je quitte la France et revienne en vacances dans le coin!